Le contrat à compte d’auteur : une arnaque fondée sur les espoirs d’auteurs ?
- À vrai lire
- 15 avr.
- 4 min de lecture
On l’appelle édition à compte d’auteur, édition participative, collaborative ou encore à compte partagé. Dans ce type de contrat, les coûts de publication sont partagés entre l'auteur et l'éditeur. En théorie, c’est censé vous offrir certains avantages. Dans la réalité, c’est souvent la désillusion. Dans tous les cas, le risque financier est important. Dans cet article, nous vous expliquons tout.

Différences entre contrat à compte d’auteur et contrat participatif
Comme nous vous le disions dans notre article Tour d’horizon des contrats d’édition, les défenseurs de ce type de contrat distinguent le contrat à compte d’auteur, dans lequel l’auteur prend tous les frais à sa charge, du contrat dit participatif, dans lequel une participation est demandée à l’auteur. Chez À vrai lire, nous ne faisons pas cette distinction puisque, dans les deux cas, l’auteur doit donner de l’argent à la maison d’édition. Nous ne prenons pas en considération le montant ni les prestations que cet argent est censé couvrir, puisque c’est du cas par cas.
Quels sont les (supposés) avantages du contrat à compte d’auteur ?
Voici la liste des éléments qui peuvent vous séduire :
Responsabilité éditoriale : Selon le contrat, l'éditeur s'engage à fournir un soutien éditorial, ce qui peut inclure (mais pas nécessairement) la bêta-lecture, la correction, la mise en page et la conception de la couverture.
Impression : C’est la maison d’édition qui s’occupe de faire imprimer votre livre.
Visibilité et distribution : Les maisons d'édition qui adoptent ce modèle ont souvent des réseaux de distribution plus efficaces que ceux dont vous disposez, vous. Cela peut aider à accroître la visibilité de l'œuvre.
Waouh, mais ça a l’air plutôt sympa ! Pourquoi une telle véhémence à l’égard de ce type de contrat alors ?
Eh bien, parce que :
Vous allez devoir débourser pas mal d’argent (en général, entre 2 500 et 4 500 €) ;
Que cet argent ne couvrira pas tous les frais (souvent, il ne sert qu’à la couverture, la maquette et l’impression, donc ce sera à vous de vous occuper de la correction et des révisions) ;
C’est généralement une impression à la demande (et là, qu’on soit bien claires : qui va commander votre livre si personne ne vous connaît ? Si personne ne sait que votre livre existe ?) ou une impression avec l’obligation pour l’auteur d’acheter un certain nombre de ses livres ;
L’engagement de marketing et communication est minime (souvent un encadré perdu au milieu des autres sorties littéraires) dans un envoi à la presse spécialisée et/ou aux librairies.
Chez À vrai lire, nous pensons que c’est sur l’aspect diffusion que jouent les maisons d’édition qui vous proposent ce genre de contrat. Quand on pense maison d’édition, on pense diffusion à large échelle. À moins que vous ayez déjà de nombreux abonnés sur YouTube, Instagram ou TikTok, les maisons d’édition possèdent certainement un meilleur réseau que vous. Elles peuvent donc plus facilement communiquer au sujet de votre roman et le distribuer. Sur papier, on pourrait facilement se dire que ça vaut le coup.
Il y a certainement des expériences heureuses avec ce type de contrat et donc, des auteurs ravis de l’avoir signé. Notre objectif n’est pas de vous en empêcher. Vous avez peut-être de bonnes raisons de le faire. Nous souhaitons simplement vous mettre en garde en vous exposant les faits et en vous partageant diverses expériences.
Nous vous invitons à bien lire votre contrat et à vous renseigner sur les prix d’une couverture, d’une maquette et sur l’aide à la diffusion de votre livre. Dites-vous bien qu’une fois votre contrat signé, vous êtes pieds et poings liés pendant toute sa durée. Si la maison d’édition communique peu ou mal sur votre livre, il stagnera… sous la forme d’un fichier, puisqu’il ne sera probablement même pas imprimé.
Votre livre peut rapporter davantage à la maison d’édition si elle ne fournit pas d’efforts
Avant même de faire quoi que ce soit, la maison d’édition gagne de l’argent sur votre roman. C’est le montant de votre participation. Comme cet argent couvre largement les frais de maquette, de couverture et que l’impression se fait généralement à la demande, il leur en reste. Pourquoi la maison d’édition le dépenserait-elle en frais de communication et de marketing ? On pourrait arguer que plus votre livre se vendra, plus la maison d’édition y gagnera. Oui, mais alors… pourquoi ne pas vous avoir proposé un contrat à compte d’éditeur ?
Pour nous, le compte d’éditeur participatif, ça n’existe pas
Si une maison d’édition croit au potentiel de votre récit, elle doit faire le pari d’investir du temps et de l’argent pour en faire un succès. Peu importe la taille et les moyens de la structure, c’est son rôle. Un producteur de cinéma ne demande pas de participation financière à ses acteurs. Cela devrait être la même chose pour les maisons d’édition.
Nous vous laissons là pour aujourd’hui, mais nous n’avons pas dit notre dernier mot au sujet du contrat à compte d’auteur. Notre prochain article de blog sera un peu spécial, puisqu’il consistera en deux témoignages concrets, avec des éléments recopiés d’un contrat de ce type.
En attendant, n’hésitez pas à réagir et à nous poser toutes vos questions sur : avrailire@gmail.com
Betty & Ludivine
Cofondatrices d’À vrai lire
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